La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions humaines, sociales et économiques très réelles. L’histoire montre que la mobilité restreinte des populations pendant les épidémies a un impact économique plus important que la maladie elle-même. Bien qu’on ne connaisse pas encore toutes les répercussions de la pandémie sur l’économie canadienne, ses effets sont déjà profonds et sans précédent. Entre-temps, l’intervention des pouvoirs publics à tous les niveaux (par voie de mesures fiscales et sociales massives) pour freiner la propagation de la pandémie au cours de la première et maintenant de la seconde vague a provoqué une brusque perturbation des activités commerciales, entraînant une perte directe ou temporaire d’emploi et un déplacement vers le travail à domicile. Il s’en est suivi une forte hausse des pertes d’emplois et une baisse de la production économique dont l’ampleur reste à mesurer.

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Au milieu d’une deuxième vague, et non sans controverse (à savoir l’endettement croissant), le gouvernement canadien n’a pas lésiné et a déployé des milliards de dollars d’aide financière supplémentaire en prolongeant ou en lançant de nouveaux programmes pour soutenir les travailleurs et les entreprises, dévoilant une soupe à l’alphabet d’acronymes (PCU, PCUE, CUGE, PCE, CUEC, SSUC et AUCLC). Le gouvernement a également autorisé la Banque de l’infrastructure du Canada à consacrer 10 milliards de dollars à des initiatives d’infrastructure (large bande, énergie propre et projets agricoles) pour stimuler la reprise économique.

Les mesures d’allègement mises en place ou prolongées en octobre 2020 comprenaient :

  • La nouvelle Subvention d’urgence du Canada pour le loyer, qui fournirait un soutien au loyer et à l’hypothèque jusqu’en juin 2021 pour les organisations admissibles touchées par la COVID-19. La subvention au loyer serait versée directement aux locataires, tout en offrant aussi un soutien aux propriétaires fonciers.
  • Une subvention complémentaire à la Subvention d’urgence du Canada pour le loyer au taux de 25 % pour les organisations qui ont dû fermer leurs portes temporairement en raison d’une ordonnance de santé publique obligatoire.
  • La prolongation, jusqu’en juin 2021, de la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC), qui continuerait de protéger les emplois en aidant les entreprises à garder leurs employés sur la liste de paye et en encourageant les employeurs à réembaucher leurs travailleurs.
  • L’élargissement du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC), qui permettrait aux entreprises et aux organismes à but non lucratif admissibles – qui continuent d’être gravement touchés par la pandémie – d’avoir accès à un prêt sans intérêt pouvant atteindre 20 000 $, en plus du prêt initial de 40 000 $ consenti par le CUEC.

Les restrictions imposées à répétition à l’échelle régionale ont tenu en échec les indicateurs économiques clés et mis les économistes au défi de présenter leurs perspectives, car il n’y a pas de signe clair du type de reprise (en V, U, W, L ou K) qui se produira à partir d’un événement pour lequel il n’y a pas de précédent. Après le plongeon historique de 11,5 % de la croissance du PIB au deuxième trimestre de 2020, Oxford Economics a estimé que la croissance du PIB au troisième trimestre avait rebondi de 10,3 %, un record. Toutefois, cette croissance ralentira à 1,5 % au quatrième trimestre, laissant l’économie en deçà de 3 % par rapport à son niveau d’avant la crise. Les prévisions laissent entrevoir une baisse globale de 5,3 % en 2020, alors qu’une reprise complète n’est pas prévue avant le troisième trimestre de 2021, avec un rebond de la croissance annuelle à 5,9 %. Le sondage réalisé par Consensus Economics en octobre place la croissance moyenne du PIB à -5,8 % et à +4,9 % en 2020 et 2021, respectivement. L’emploi a augmenté de 378 000 (+2,1 %) en septembre, ce qui a fait baisser le taux de chômage pour un quatrième mois consécutif à 9 %. À titre de comparaison, il était de 5,6 % en février et de 13,7 % en mai, un sommet. Le marché du travail a maintenant récupéré près de 2,3 millions (76 %) des 3 millions d’emplois perdus (y compris les mises à pied temporaires) en mars et avril. Toutefois, le renouvellement des restrictions freinera d’autres gains d’emploi pendant le reste de l’année, des estimations consensuelles fixant le taux de chômage à 9,5 % d’ici la clôture de l’exercice 2020 et à 7,8 % à la clôture de l’exercice 2021.

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Entre-temps, le secteur de l’immobilier commercial continue de subir les effets secondaires de la réduction de l’activité économique et des perturbations appréhendées, car l’incertitude et le risque accrus poussent les occupants à retarder leurs investissements commerciaux ou leurs plans d’expansion. Par conséquent, l’activité transactionnelle de toutes sortes a été discrète pendant toute la durée de la crise et est susceptible de le rester, en raison des contraintes pratiques posées à la conclusion des transactions ainsi que de l’incertitude quant aux perspectives à long terme du marché. Les propriétés industrielles et multi-résidentielles se sont bien tirées d’affaire et continuent d’être favorisés par les investisseurs, tandis que les immeubles de bureaux et de commerces de détail font face à des défis de taille. La bonne nouvelle, c’est que les facteurs économiques fondamentaux sous-jacents sont solides et que la demande liée à l’immobilier commercial reste généralement élevée, avec de multiples sources de capitaux actifs sur le marché. Le secteur devrait profiter de la décision de la Banque du Canada de maintenir son taux d’intérêt de référence à 0,25 % au moins jusqu’en 2023. L’imprévisibilité du virus et la gestion de la deuxième vague, de même que l’attente d’une grande disponibilité d’un vaccin viable, continueront de jeter une ombre sur les économies non seulement canadiennes, mais aussi mondiales, à court et à moyen terme.

L’histoire montre que la mobilité restreinte des populations pendant les épidémies a un impact économique plus important que la maladie elle-même. Bien qu’on ne connaisse pas encore toutes les répercussions de la pandémie sur l’économie canadienne, ses effets sont déjà profonds et sans précédent.

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