Grand Montréal

9 juin 2020 | Canada

Comme cette situation sans précédent continue d'évoluer rapidement, les bulletins d'information d'Avison Young visent à vous offrir une évaluation à jour de l'impact de la COVID-19 sur le marché de l'immobilier commercial.

Période couverte : du 16 au 29 mai 2020

Tendances générales, nouvelles et obervations

  • Les entreprises avec accès extérieur dans la région du Grand Montréal ont commencé à rouvrir au public le 25 mai, bien que plusieurs s'attendaient à ce que des pics alarmants de transmission communautaire du virus dans certaines régions de Montréal (à savoir Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies) retardent la date de réouverture.
  • Le 20 mai, le gouvernement du Québec a annoncé un plan de réouverture progressive des entreprises de services offrant des services dentaires, thérapeutiques ou personnels le 1er juillet. Cependant, des municipalités comme Montréal et Joliette demandent des délais supplémentaires pour la réouverture des services personnels. Québec a également annoncé la réouverture progressive des entreprises et activités récréatives telles que le golf, le kayak et la pêche à compter du 20 mai.
  • L'industrie culturelle devrait reprendre progressivement ses activités à partir du 29 mai, les musées, bibliothèques et ciné-parcs pourront rouvrir tout en respectant les nouvelles mesures de sécurité. À cette date, il n'y avait toujours pas d'annonces pour les cinémas et les lieux de divertissement.
  • Les propriétaires d'entreprises dans les zones rouvertes à l'extérieur de Montréal sont satisfaits de la reprise des activités, bien que beaucoup soient préoccupés par des problèmes tels que l'approvisionnement d'articles d'hygiène et d'EPI tels que masques, gants et désinfectants.
  • Le 15 mai, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a annoncé la conversion de plus de 327 kilomètres de rues en corridors sécuritaires actifs. À partir de juin, l'avenue Mont-Royal ainsi que les rues De La Commune et Wellington seront réservées aux cyclistes et aux piétons. De nombreuses autres rues seront réorganisées afin de laisser plus d'espace pour la distanciation sociale. Les détaillants ayant accès à la rue seront autorisés à ouvrir un kiosque ou une terrasse sur ces artères afin de faciliter les affaires.
  • Les économistes croient que le pire est derrière nous, alors que le PIB canadien global devrait chuter de 9% supplémentaires pour le mois d'avril. Le calendrier de la réouverture progressive devrait se traduire par une accélération du PIB dans le rapport du mois de mai.
  • La mairesse Valérie Plante a annoncé la création d'un comité consultatif, composé d'une dizaine de gens d'affaires montréalais prolifiques, afin d'élaborer un plan d'action pour la relance économique de la Ville de Montréal.
  • Parallèlement, les organismes politiques et de recherche proposent de plus en plus de solutions pour relancer l'économie québécoise. Une nouvelle étude de l'IRIS (Institut de recherche et d'informations socioéconomiques) suggère de nationaliser les institutions bancaires québécoises en les divisant en établissements publics pour relancer l'économie, tandis que Québec Solidaire propose une augmentation temporaire de la taxe sur les entreprises rentables jusqu'en 2021 (11,6% à 17,4%) ce qui pourrait rendre 6 milliards de dollars disponibles pour la redistribution

Construction et permis (APCHQ)

  • Le gouvernement du Québec a annoncé un financement supplémentaire de 2,9 milliards de dollars pour le PQI (Plan québécois des infrastructures) afin d'aider à relancer l'industrie de la construction.
  • Le ministre des Transports François Bonnardel souhaite alimenter davantage la reprise économique de l'industrie de la construction tout en profitant de la circulation automobile réduite pour faire avancer des projets partout dans la province dans un plan de 3,2 milliards de dollars. En plus des travaux de construction du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, du pont Mercier et des travaux majeurs de l'autoroute 19, 2 000 chantiers ont été déployés à travers la province à partir du 18 mai. Cependant, les travaux de réfection du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine devraient être retardés car les négociations sont toujours en cours entre le ministère et le seul groupe ayant répondu à l'appel d'offres, Relais-Saint-Laurent.
  • Montréal et Laval réorganiseront des portions de leurs autoroutes pour faciliter le transport en commun des travailleurs touchés par les fermetures et les nombreux chantiers de construction du Réseau Express Métropolitain. Des portions des autoroutes 15, 13 et 640 seront temporairement revues pour améliorer le transport en commun.
  • Le développeur Carbonleo a annoncé que le mégaprojet à usage mixte Royalmount sera reporté pour une période de six mois afin de modifier les plans tout en déterminant comment la pandémie va façonner les développements futurs et comment ils peuvent s'adapter à cette nouvelle réalité. Alors que le promoteur demande l'aide du gouvernement pour terminer son complexe polyvalent, les organisations et les élus exhortent le Québec à ne pas investir d'argent dans ce projet, qu'ils jugent dépassé à plusieurs égards.

Le marché des espaces de bureaux

  • Le marché des bureaux passera très probablement en faveur des locataires à l'avenir, car les stratégies de travail à domicile se sont avérées efficaces pour de nombreuses entreprises jusqu'à présent, ce qui pourrait les encourager à réduire considérablement leurs espaces de bureaux. Alors que certaines entreprises n'ont d'autre choix que de travailler à partir de bureaux conventionnels, la plupart des entreprises de Montréal devraient avoir peu de mal à s'adapter à la numérisation de l'économie et à adopter des politiques de travail à domicile qui dépeupleraient considérablement leurs bureaux.
  • En renforçant ce virage en faveur des locataires du centre-ville de Montréal, il y aura probablement une augmentation de l'intérêt pour les espaces de bureaux en périphérie du centre-ville afin d'éviter les zones surpeuplées et les infrastructures de transport en commun à court et à moyen terme, renforçant l'intérêt pour des sous-marchés comme la Rive-Sud ou Laval. Cette tendance devrait renforcer l'impact des travaux de construction du REM puisque Laval et l'Ouest-de-l'Île ont bénéficié d'une absorption supplémentaire en 2019 avec les fermetures d'infrastructures occasionnées par les chantiers.
  • Bien que certains experts ne s'attendent pas à ce que le marché des bureaux ne s'effondre complètement, la plupart conviennent que les locataires de bureaux prendront plus de temps que jamais avant de s'engager, ce qui ralentira la vitesse transactionnelle à mesure qu'ils réévaluent chaque situation possible et terminent leurs projections avant de déménager dans de nouveaux locaux ou de négocier des baux à long terme.
  • Néanmoins, certains architectes et utilisateurs de bureaux ne pensent pas que la pandémie entraînera la fin des bureaux à aire ouverte. Plusieurs croient qu'une réorganisation temporaire des bureaux sera nécessaire jusqu'à ce qu'un vaccin soit disponible, déclarant qu'aucun projet de réorganisation majeur ne devrait être entrepris, en particulier compte tenu du fardeau financier que de tels projets peuvent représenter en période d'incertitude.
  • Alors que la plupart des immeubles de bureaux du centre-ville de Montréal sont désertés pendant la pandémie (entre 90% et 98%), de nombreuses entreprises comme KPMG, Sunlife, Shopify et CIBC ont choisi de ne pas renvoyer leurs employés au travail avant 2021. Le télétravail jouera un un grand rôle pour ces organisations à l'avenir car seule une fraction de la main-d'œuvre sera attendue physiquement dans les bureaux sur une base quotidienne.

Le marché des espaces industriels

  • La pandémie a renforcé l'interdépendance entre le commerce de détail et l'immobilier commercial industriel alors que le commerce électronique a explosé à mesure que les détaillants et les entreprises ont mis en place ou amélioré leurs stratégies omnicanales et leurs capacités en ligne.
  • Par conséquent, un pourcentage croissant de détaillants devra se tourner vers des installations industrielles afin d'améliorer l'entreposage, la distribution et la gestion de l'offre afin de répondre à la demande croissante du commerce électronique
  • Cela contribuera probablement à resserrer le taux de disponibilité industriel déjà historiquement bas dans la région métropolitaine de Montréal, car l'inventaire industriel de Montréal manque de produits de qualité et la plupart des utilisateurs industriels se tournent vers de nouvelles constructions mieux adaptées à leurs besoins.
  • Malgré la pandémie, le géant Amazon a été très actif sur le marché québécois. L'entreprise a signé un bail de sept ans pour un bâtiment industriel de 240 000 pieds carrés à Laval. Amazon a annoncé son intention d'investir jusqu'à 1 milliard de dollars au Québec au cours des prochaines années, tandis que des améliorations importantes seront apportées par le propriétaire de l'édifice afin d'augmenter la capacité d'expédition du bâtiment.
  • Un article paru dans La Presse révèle également qu'Amazon a soumis une offre d'achat sur un autre immeuble industriel de 120 000 pieds carrés au Parc industriel Centre de Laval. La propriété se trouve sur 478 000 pieds carrés de terrain, ce qui lui octroie un bon potentiel d'agrandissement.

Le marché des commerces de détail

  • Des failles dans les programmes d'aide du gouvernement sont critiquées par certains propriétaires immobiliers car les critères d'éligibilité sont jugés trop sévères, en particulier pour les locataires dont les entreprises peuvent désormais rouvrir. Karine Simard, propriétaire d'immeubles commerciaux chez Immeubles Simard, estime que le programme gouvernemental d'allégement des loyers commerciaux est trop sévère pour les petites entreprises. La plupart de ses locataires n'ont payé que 25% de leur loyer car ils espéraient recevoir l'aide du gouvernement, mais la réouverture des entreprises suggère également qu'ils n'atteindront pas le seuil de 70% de perte de revenus nécessaire pour recevoir de l'aide, ce qui pénalise le propriétaire en bout de ligne.
  • Alors que les entreprises avec pignon sur rue dans le Grand Montréal ont rouvert au public le 25 mai, les Montréalais étaient impatients de reprendre leurs habitudes de magasinage «régulières», car de longues files d'attente ont été observées dans toute la ville.
  • La phase 5 du plan de réouverture du Québec a débuté le 1er juin, alors que les centres commerciaux à l'extérieur de Montréal ont pu reprendre leurs activités, au même titre que les services de soins dentaires et physiques. Avec la réouverture des centres commerciaux, les propriétaires sont confiants dans leur capacité à assurer la sécurité des clients.
  • Le FPI Cominar estime que l'un des plus grands défis pour ses nombreux centres commerciaux à l'avenir sera que ses employés et ses clients se sentent en sécurité et à l'aise. L'entreprise prévoit d'atteindre de tels résultats en respectant, bien entendu, les principes de distanciation sociale et d'hygiène, mais aussi en investissant dans la formation de son personnel.
  • Au Quartier DIX30, à Brossard, le Groupe immobilier Oxford a annoncé la réouverture de plus de 90 magasins le 25 mai. Oxford estime que la réouverture se déroulera sans heurts en raison des mesures que l'entreprise a prises pour maintenir la distanciation sociale et les pratiques d'hygiène. Parmi ces méthodes, les rues ont été transformées en voies à sens unique, les places de stationnement devant les magasins ont été supprimées pour élargir les trottoirs et des centaines de stations de désinfection des mains ont été installées.
  • La Ville de Montréal a annoncé qu'elle enverra une soixantaine d'inspecteurs dans tous les arrondissements pour superviser la réouverture des magasins de vente au détail, en s'assurant que les mesures de sécurité et d'éloignement sont respectées.
  • La mairesse Plante a annoncé un plan selon lequel la ville permettra aux entreprises d'utiliser les espaces publics pour l'été, et ce, à peu de frais. Autrement dit, les commerces de rue pourront aménager des terrasses et le devant de leurs magasins pour vendre des produits, sans avoir à acheter un permis à plein prix (soit 50 $ au lieu de 3000 $). En même temps, comme des rues comme Sainte-Catherine devraient être fermées à la circulation des véhicules tout l'été (au minimum), les restaurants de rue demandent un changement de règle concernant la consommation de boissons alcoolisées (qui n'est autorisée qu'avec la consommation de nourriture). Cela leur permettrait de bénéficier d'une meilleure utilisation de leurs terrasses et de les aider à survivre à plus long terme.
  • Entre-temps, les restaurants montréalais trouvent de nouvelles façons de survivre, notamment en développant des partenariats avec des épiceries locales pour vendre des plats prêts à manger alors que les salles à manger restent fermées.
  • Les clients s'inquiètent du manque de places de stationnement résultant des nombreuses fermetures de rues, mais la Ville de Montréal croit que des stratégies de travail à domicile contrebalanceront l'achalandage routier en ville, ce qui ne devrait pas nuire aux capacités de stationnement actuelles.

Le marché multi-résidentiel

  • Selon la CORPIQ (Corporation proriétaires immobiliers du Québec), seulement 15% des loyers de mai restent impayés - une nouvelle encourageante car elle représente une diminution de 4% par rapport au mois dernier.
  • L'OCPM (Office de consultation publique de Montréal) a annoncé des modifications au règlement 20-20-20 qui n'imposeraient des restrictions aux promoteurs qu'à l'égard du volet logement social des projets, tout en retardant ses restrictions en matière de logement abordable et familial. Ce changement vise à retenir les développeurs qui envisagent de déménager leurs projets à l'extérieur de la ville de Montréal à cause des restrictions.
  • Les retards de construction causés par la pandémie mettent en péril la livraison de milliers de nouveaux ménages. En parallèle, les conditions financières stressantes, où les locataires consacrent plus de 30% de leurs revenus sur leur loyer, pourraient donner lieu à une nouvelle une crise du logement.
  • Les leaders québécois du logement (ACQ, APCHQ, IDU et CEGQ) unissent leurs forces pour demander du financement aux familles dans le besoin. Selon le financement reçu par les autres provinces, le Québec devrait recevoir 1,5 milliard de dollars à utiliser pour le PAL (Programme québécois d’allocation logement) et la construction de 4 500 logements abordables.
  • Les Montréalais à l'étroit dans les condos et les immeubles à appartements du centre-ville et travaillant à domicile pendant la pandémie se rendent compte qu'ils auront besoin de plus d'espace à l'avenir. Avec la fermeture des espaces publics et communs à l'intérieur des complexes d'appartements et des développements de condos, certains occupants ressentent le besoin de déménager dans des unités plus vastes, de sorte qu'il pourrait y avoir une augmentation de la demande pour des unités plus grandes à court et à moyen terme.
  • Le FRAPRU (Front d’action populaire en réamenagement urbain) prévoit une crise majeure du logement lorsque l’état d’urgence sera levé car les propriétaires auront la possibilité d’expulser les locataires en défaut. L'organisation estime également que la ville aura besoin de plus de 10 000 logements sociaux cette année seulement.
  • La SCHL prévoit que les prix des maisons pourraient chuter de 9% à 18% au cours de la prochaine année, tandis que les banques canadiennes sont plus optimistes avec une estimation de 5% à 10%.

Le marché des investissements :

  • Le FPI BTB a annoncé être en mesure de maintenir 84% des revenus jusqu'à présent, mais qu'il réduira les distributions payables aux actionnaires de 28,6% à compter du 15 juin afin de contribuer aux flux de trésorerie et aux opérations de soutien.
  • Un consensus unanime des panélistes lors d'un webinaire du Sommet immobilier de Montréal a révélé que les fonds de placement immobilier continuent de travailler au développement de leurs portefeuilles tout en poursuivant les acquisitions dans le secteur multi-résidentiel.
  • On s'attend à ce que les plus grands investisseurs immobiliers recherchent des opportunités transactionnelles, alors que peu d'acheteurs sont actifs, et plusieurs transactions tombent entre les mailles du filet. Ces facteurs sont susceptibles de faire baisser les prix lorsque le marché reviendra à la normale.
  • Certains experts en investissement, tels que Michael D. Underhill, fondateur et directeur des investissements chez Capital Innovations, estiment qu'il est temps d'être agressif, car de nombreux investisseurs immobiliers sont prêts à co-investir dans des actifs en difficulté et des opportunités de prêt. En conséquence, de nombreux nouveaux fonds immobiliers sont créés pour profiter de la perte de valeur des actifs en difficulté.
  • Les périodes de vérification diligente pour les investisseurs devraient être prolongées car les voyages et les visites de propriétés sont limités.

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David Major-Lapierre +1 514.905.5443 david.major@avisonyoung.com

Pour en savoir plus sur les impacts potentiels du virus sur l’immobilier commercial mondial, consultez nos derniers articles sur le Centre de ressources COVID-19 d’Avison Young:

La propagation de la COVID-19 et les politiques de confinement introduites évoluent rapidement. Bien que les informations contenues dans ce rapport soient à jour à la date de rédaction, les opinions exprimées dans ce document sont susceptibles de changer et peuvent ne pas refléter la dernière opinion d’Avison Young. Comme vous tous, Avison Young s’appuie sur des sources gouvernementales et connexes pour obtenir des informations sur la pandémie de la COVID-19. Le contenu ci-présent n’est pas destiné à fournir des conseils d’investissement, fiscaux, financiers ou juridiques et ne doit pas être considéré comme tel.