Impact sur l'immobilier commercial

9 juin 2020 | Canada

Comme cette situation sans précédent continue d'évoluer rapidement, les bulletins d'information d'Avison Young visent à vous offrir une évaluation à jour de l'impact de la COVID-19 sur le marché de l'immobilier commercial.

Période couverte : du 16 au 29 mai 2020

Qui paie son loyer et qui ne paie pas?

Le secteur industriel, résilient en matière de collecte de loyer (jusqu’à présent)

L’un des secteurs les plus en santé de l’immobilier commercial durant la pandémie de la COVID-19 est sans doute le secteur industriel. Mis à part certaines disparités régionales ainsi que les actifs composés de petits espaces, le secteur industriel demeure résilient pendant les premiers mois de la COVID-19. Une façon efficace de déterminer l'état de tous types de propriétés est d'observer la collecte des loyers. Un sondage réalisé par REALPAC – mené à la fin du mois d’avril auprès de neuf propriétaires/gestionnaires industriels cumulant environ 170 millions de pieds carrés d’espace industriel à travers le Canada, a révélé des résultats intéressants concernant les pourcentages de loyers en souffrance et d’allégement de loyers entre les locataires de petits espaces ou de locaux individuels ainsi que les grands locataires. Le sondage a révélé les éléments suivants :

  • Le pourcentage de loyers en souffrance moyen en avril était de 16% pour les locataires de petits espaces ou de locaux individuels, contre 4% pour les locataires de plus grande taille.
  • Les secteurs les plus préoccupants sont ceux des locataires de petites unités (44%), des locataires industriels de l’Alberta (33%) et ceux du secteur du commerce de détail/du divertissement (22%)
  • Des demandes d’allégement de loyer ont été reçues autant de la part d’entreprises non essentielles qu’essentielles.
  • Plus de la moitié (56%) de tous les locataires étaient considérés comme des entreprises essentielles, et seulement 9% d’entre eux ont demandé un allégement de loyer pour le mois d’avril.
  • 44% de tous les locataires était considérés comme non essentiels, et 37% d’entre eux ont fait une demande d’allégement.
  • Les demandes d’allégement de loyer étaient les plus élevées parmi les locataires du secteur du commerce de détail et du divertissement (37%), avec deux mois ou plus de loyer différé.
  • Les répondants au sondage étaient séparés également entre ceux offrant un allégement du loyer brut ou du loyer net.
  • Certains répondants ont mentionné qu’ils offriraient 100% du loyer brut gratuit en échange d’une prolongation de bail.

Demandes d’allégement de loyer selon le type de locataire industriel

Source: REALPAC. Note: La majorité des mesures d’allégement du loyer offert aux locataires sont offertes sous forme de report de loyer.

Selon leurs interactions avec les locataires, et ayant comparé les données sur les loyers du mois d’avril par rapport aux attentes pour le mois de mai, les experts de REALPAC s’attendent à ce que la collecte moyenne des loyers reste la même. L’organisation a l’intention de comparer les résultats d’avril aux futurs sondages mensuels.

Loyers en souffrance dans le commerce de détail, sans surprise

Bien que ça ne soit pas surprenant, la situation désastreuse pour les détaillants canadiens est devenue apparente lorsque Statistique Canada a publié ses chiffres des ventes au détail du premier trimestre 2020, montrant des baisses record. Plus important encore, les résultats n’ont saisi que le début de la pandémie, car seulement environ 40% des détaillants avaient fermé leurs portes en mars. En bref, les ventes au détail ont chuté de 10% pour s’établir à environ 47 milliards de dollars en mars, contre 51 milliards en février – la plus forte baisse mensuelle jamais enregistrée. Les ventes ont diminué dans six des 11 sous-secteurs, représentant 39,2% du commerce de détail. Les perspectives d’avenir ne sont pas meilleures, car l'agence gouvernementale prévoit une nouvelle baisse de 15,6% des ventes d'avril, sous réserve que ce chiffre pourrait changer.

Cela s’est répercuté sur le secteur de l’immobilier commercial et sur la capacité ou l’incapacité des détaillants à respecter leurs obligations de loyer, comme l’a révélé une enquête sur les recouvrements de loyers réalisée en avril par la firme REALPAC. Les résultats ont été compilés à partir de 13 propriétaires/gérants de commerce de détail, représentant 131 millions de pieds carrés d’espace de vente au détail au Canada. Les faits saillants du sondage sont les suivants :

  • Le pourcentage de loyers en souffrance moyen en avril était de 44% pour les centres commerciaux fermés, contre 30% pour les centres commerciaux ouverts et les unités commerciales.
  • Les secteurs les plus préoccupants concernant le défaut de paiement des loyers comprenaient les restaurants (42%), le conditionnement physique (33%), la mode (33%) et les cinémas (25%).
  • Environ 59% de tous les locataires de commerces de détail sont classés comme des entreprises non essentielles, contre 41% considérés comme essentiels.
  • 59% de tous les locataires non essentiels ont demandé un allégement de loyer, contre 17% de locataires essentiels étant toujours en mesure de fonctionner.
  • Plus des trois quarts, ou 77% des répondants ont offert un allégement du loyer brut, tandis que 38% ont également offert un allégement du loyer net.
  • Selon des négociations individuelles avec les locataires; aucun répondant au sondage n’offre de forfaits de réduction du loyer.
  • Aucun des répondants n’offre présentement d’allégement de loyer pour plus de deux mois.
  • Comparant les données de la collecte des loyers d’avril par rapport aux attentes du mois de mai, les répondants s’attendent à une baisse de 10% des collections moyennes.

Demandes d’allégement de loyer selon le type de locataire de détail

Source: REALPAC.

Note : 99% des mesures d’allégement de loyer sont offertes sous forme de report de loyer. Aucun des répondants n’offre présentement d’allégement de loyer pour plus de deux mois.

Les résultats de l'enquête ont également montré que, sur la base des interactions avec leurs locataires, les propriétaires et gestionnaires s'attendent à ne percevoir que 55% des loyers dus en mai, 46% de tous les répondants indiquant que tout moratoire général sur les expulsions commerciales serait quelque peu problématique.

Le marché des investissements en pause, alors que les rendements sont en baisse

L'activité d'investissement en immobilier commercial dans les six principaux marchés du Canada a enregistré près de 8 milliards de dollars au premier trimestre 2020, ce qui est légèrement plus élevé qu'au même trimestre en 2019, mais en baisse de près de 50% depuis le quatrième trimestre 2019. Cependant, le consensus est qu'une grande partie des transactions est simplement suspendue et que de nombreux acheteurs désireux de déployer des capitaux attendent d'aller de l'avant avec des acquisitions lorsque cela sera possible.

Data Source: Altus RealNet

L'indice MSCI/REALPAC Canadian Quarterly Property Index (évalué à 164,7 milliards de dollars canadiens sur 2 400 propriétés) mesure le rendement total des investissements immobiliers détenus directement, d'une évaluation à l'autre . Bien que seulement la moitié (ou 82 milliards de dollars) des actifs aient été évalués au premier trimestre 2020, les résultats montrent une baisse généralisée de valeur sur les marchés et les catégories d'actifs. Quelques points à retenir:

  • Le rendement total s’est établi à 4,6%, contre le taux annuel de 7,5% enregistré en 2019 – tiré par une forte baisse à Calgary (-4,3%) et dans le commerce de détail (-1,8%) en général.
  • L'écart de rendement total est de près de 18% entre les meilleures catégories d'actifs (industriels / 15,8%) et les pires (commerces de détail / -1,8%) – l’écart le plus élevé jamais enregistré.
  • En ce qui concerne la performance des villes, la divergence des rendements totaux est d'environ 15%, les marchés de l'Est s'en tirant mieux que les marchés de l'Ouest (à l'exception de Vancouver). Halifax avait le rendement le plus élevé à 10,8% et Calgary le rendement le plus faible, à -4,3%.
  • En comparaison, les ralentissements économiques au début des années 90 et la crise financière de 2008-2009 ont produit des rendements totaux de -6,4% (1993) et 0,7% (2010), respectivement.
  • Depuis la mise sur pied de l'indice (1985), le rendement moyen total a été de 8,9% et 9,1% au cours des 10 dernières années.

Les changements structurels dans le commerce de détail ont entraîné des dépréciations importantes dans le secteur, ainsi que dans celui des bureaux. Parallèlement, la performance du secteur industriel à ce jour devrait ralentir, et est jugée non durable par certains observateurs du marché. De plus, étant donné que la performance de l’immobilier peut être à la traine même dans une situation idéale, et que les évaluations des actifs ont été effectuées dans les deux semaines suivant les fermetures, les résultats du deuxième trimestre 2020 pourraient très bien refléter plus clairement la gravité du ralentissement.

Data Source: MSCI

Data Source: MSCI

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Bill Argeropoulos +1 416.673.4029 bill.argeropoulos@avisonyoung.com

Pour en savoir plus sur les impacts potentiels du virus sur l’immobilier commercial mondial, consultez nos derniers articles sur le Centre de ressources COVID-19 d’Avison Young :

La propagation de la COVID-19 et les politiques de confinement introduites évoluent rapidement. Bien que les informations contenues dans ce rapport soient à jour à la date de rédaction, les opinions exprimées dans ce document sont susceptibles de changer et peuvent ne pas refléter la dernière opinion d’Avison Young. Comme vous tous, Avison Young s’appuie sur des sources gouvernementales et connexes pour obtenir des informations sur la pandémie de la COVID-19. Le contenu ci-présent n’est pas destiné à fournir des conseils d’investissement, fiscaux, financiers ou juridiques et ne doit pas être considéré comme tel.